Comme dans chaque coin du monde, la République d'Adjopa présente des réalités climatiques parfois redoutables. C'est le cas de l'harmattan qu'on rencontre dans la partie septentrionale du pays et dont les sévices sont relatés plus précisément dans le village de Yéliwa. Un coup d'œil furtif sur le quotidien des habitants du même village laisse entrevoir comment les paysans associent aisément Allah à leurs croyances traditionnelles en créant par là un parfait syncrétisme religieux. Youssif qui s'arroge parfois le rôle de narrateur dans le roman est né et a grandi dans ce milieu plein de contrastes avant d'accumuler des succès scolaires qui le conduiront à l'Université d'Adjopa où il obtint son Diplôme de Maîtrise ès-Lettres. Comme tout jeune intellectuel, Haman Youssif n'avait qu'un seul rêve: monnayer son talent sur la terre de ses aïeux, «…changer de statut, jouir d’un numéro matricule et redéfinir sa valeur réelle d’homme et d’intellectuel». Mais, hélas! Ce rêve ne saura devenir réalité, car Youssif fut victime de l'injustice alors qu'il se croyait parmi les lauréats du concours de recrutement des enseignants auxiliaires, organisé par le Ministère de l'Education Nationale. Suite à cet échec inattendu, le malheureux candidat s'envola au pays de l'Oncle Sam où il témoigna des ses propres yeux des conditions de vie et de travail des immigrants à l'instar de Camara et Mousbaou. A travers l'expérience de Djanfarou et sa femme Sékina, il y a lieu de comprendre que l'obtention du visa à Adjopa pouvait aussi être risquée et même lever le voile sur le monde traditionnel et ses mystères. La joie de Sékina de rejoindre son mari après une décennie d’attente n’aura été que de courte durée. Ailleurs est-il vraiment meilleur? La réponse à cette question reste soumise à la réflexion du lecteur.
