Relation d'un voyage du Pole Arctique au Pole Antarctique par le centre du monde (Illustrated)
Départ de l'Auteur d'Amsterdam pour le Groenland, comment l'Auteur & ses Compagnons commencerent à s'appercevoir qu'ils approchoient de l'effroyable tournant d'eau qui est sous le Pole Arctique. Description du tournant.

Ayant toûjours eû dés ma jeunesse une trés-grande passion pour les Voyages, j'ai parcouru pour contenter ma curiosité, toutes les principales parties du vieux & du nouveau Monde, & à la fin de ma derniere course, je me trouvai dans la grande & fameuse Ville d'Amsterdam, où je fis connoissance avec trois ou quatre gros Négocians, qui me dirent qu'ils équipoient un Vaisseau pour l'envoyer dans le Groenland à la Pêche de la Baleine. A cette nouvelle, je sentis mon inclination naturelle se ranimer, & je conçûs d'abord le dessein de faire ce Voyage, n'ayant point encore vû les Climats glacez des Zones froides; je commençai donc d'acheter tout ce que je crûs nécessaire, & ayant mis en ordre tout mon petit équipage, je m'embarquai le troisiéme du mois de Mai de l'année mil sept cens quatorze; nous partîmes avec un Vent favorable, & eûmes un tems à souhait pendant quelques jours; mais le dixiéme vers le soir le Ciel s'obscurcit, & se couvrit en peu de tems de nuages noirs & épais, & les Vents se mirent à soufler avec une telle véhémence & impétuosité, que l'équipage fut alerte toute la nuit suivante, & cette tempête nous porta vers l'Oüest avec tant de rapidité, malgré toute nôtre manœuvre, que le matin environ à quatre heures nous nous trouvâmes à la vûë des Côtes de l'Isle d'Islande, dont nous n'étions éloignez que d'environ trois lieuës, le Vent pour lors étant tombé, un calme de douze heures lui succéda, aprés lequel nous reprîmes nôtre route avec un petit Vent Sud-Est, nous voguâmes assez heureusement jusqu'au quatorze que nous aperçûmes deux Vaisseaux qui nous parurent venir du Groenland, & prendre la route de Hollande, nous étions alors au soixante-huitiéme degré 17. minutes de latitude, mais nous les perdîmes bien-tôt de vûë car le tems se changea subitement, & nous vîmes se former du côté de l'Est un affreux Orage, qui s'aprochant de nous dans l'espace de quelques minutes, nous fûmes d'abord environnez d'un nombre infini d'éclairs qui furent suivis d'épouventables éclats de tonnerre & d'une pluye si grosse, si forte & si longue, que le Ciel sembloit menacer la terre d'un second déluge: l'obscurité étoit si grande que nous ne pouvions distinguer les objets de la Poupe à la Prouë; les vagues étoient si grosses, & les Vents s'entrechoquoient avec tant de furie, que notre Pilote, quoique très-experimenté, ne savoit presque plus quel parti prendre. Enfin, après avoir été long-tems à deux doigts de la mort, cette horrible tempête commença à se dissiper, le jour reparut & nous nous trouvâmes dans une grande Mer toute remplie de gros quartiers de glace, qui se roulans les uns sur les autres, nous firent craindre d'être renversez ou écrasez; il faisoit très froid, & nous ne voyions tout autour de nous aucune Isle ni Côtes; nous avions perdu notre route, & ayant pris hauteur, nous trouvâmes soixante & treize degrez vingt-deux minutes; un petit Vent Sud-Oüest nous poussoit toujours vers le Nord, & nous portâmes enfin à un endroit où la Mer nous sembla faire une petite pente, & où le fil de l'eau nous entraînoit quoi qu'assez lentement toujours du côté du Pole, alors un vieux Matelot nous conta qu'il avoit ouï dire autrefois à un fameux Pilote, qui avoit fort couru les Mers du Nord, qu'il y avoit sous le Pole Arctique un effroyable tournant d'eau, qui pouvoit avoir soixante & dix ou quatre-vingt lieuës de circonférence, qu'il estimoit être le plus dangereux écueil du monde, au milieu duquel il devoit y avoir un goufre épouventable & sans fonds, où toutes les eaux de ces Mers se précipitans, avoient communication par le centre de la terre, avec les Mers qui sont sous le Pole Antarctique, ce recit nous glaça d'effroi, & nous fit frissonner dans toutes les parties de nôtre corps, car nous voyions que le cours de l'eau nous amenoit, & qu'il nous étoit impossible de retrograder; sur cela nous tinmes conseil, & il fut conclu, que quoiqu'il n'y eût presqu'aucune apparence de salut pour nous,
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Relation d'un voyage du Pole Arctique au Pole Antarctique par le centre du monde (Illustrated)
Départ de l'Auteur d'Amsterdam pour le Groenland, comment l'Auteur & ses Compagnons commencerent à s'appercevoir qu'ils approchoient de l'effroyable tournant d'eau qui est sous le Pole Arctique. Description du tournant.

Ayant toûjours eû dés ma jeunesse une trés-grande passion pour les Voyages, j'ai parcouru pour contenter ma curiosité, toutes les principales parties du vieux & du nouveau Monde, & à la fin de ma derniere course, je me trouvai dans la grande & fameuse Ville d'Amsterdam, où je fis connoissance avec trois ou quatre gros Négocians, qui me dirent qu'ils équipoient un Vaisseau pour l'envoyer dans le Groenland à la Pêche de la Baleine. A cette nouvelle, je sentis mon inclination naturelle se ranimer, & je conçûs d'abord le dessein de faire ce Voyage, n'ayant point encore vû les Climats glacez des Zones froides; je commençai donc d'acheter tout ce que je crûs nécessaire, & ayant mis en ordre tout mon petit équipage, je m'embarquai le troisiéme du mois de Mai de l'année mil sept cens quatorze; nous partîmes avec un Vent favorable, & eûmes un tems à souhait pendant quelques jours; mais le dixiéme vers le soir le Ciel s'obscurcit, & se couvrit en peu de tems de nuages noirs & épais, & les Vents se mirent à soufler avec une telle véhémence & impétuosité, que l'équipage fut alerte toute la nuit suivante, & cette tempête nous porta vers l'Oüest avec tant de rapidité, malgré toute nôtre manœuvre, que le matin environ à quatre heures nous nous trouvâmes à la vûë des Côtes de l'Isle d'Islande, dont nous n'étions éloignez que d'environ trois lieuës, le Vent pour lors étant tombé, un calme de douze heures lui succéda, aprés lequel nous reprîmes nôtre route avec un petit Vent Sud-Est, nous voguâmes assez heureusement jusqu'au quatorze que nous aperçûmes deux Vaisseaux qui nous parurent venir du Groenland, & prendre la route de Hollande, nous étions alors au soixante-huitiéme degré 17. minutes de latitude, mais nous les perdîmes bien-tôt de vûë car le tems se changea subitement, & nous vîmes se former du côté de l'Est un affreux Orage, qui s'aprochant de nous dans l'espace de quelques minutes, nous fûmes d'abord environnez d'un nombre infini d'éclairs qui furent suivis d'épouventables éclats de tonnerre & d'une pluye si grosse, si forte & si longue, que le Ciel sembloit menacer la terre d'un second déluge: l'obscurité étoit si grande que nous ne pouvions distinguer les objets de la Poupe à la Prouë; les vagues étoient si grosses, & les Vents s'entrechoquoient avec tant de furie, que notre Pilote, quoique très-experimenté, ne savoit presque plus quel parti prendre. Enfin, après avoir été long-tems à deux doigts de la mort, cette horrible tempête commença à se dissiper, le jour reparut & nous nous trouvâmes dans une grande Mer toute remplie de gros quartiers de glace, qui se roulans les uns sur les autres, nous firent craindre d'être renversez ou écrasez; il faisoit très froid, & nous ne voyions tout autour de nous aucune Isle ni Côtes; nous avions perdu notre route, & ayant pris hauteur, nous trouvâmes soixante & treize degrez vingt-deux minutes; un petit Vent Sud-Oüest nous poussoit toujours vers le Nord, & nous portâmes enfin à un endroit où la Mer nous sembla faire une petite pente, & où le fil de l'eau nous entraînoit quoi qu'assez lentement toujours du côté du Pole, alors un vieux Matelot nous conta qu'il avoit ouï dire autrefois à un fameux Pilote, qui avoit fort couru les Mers du Nord, qu'il y avoit sous le Pole Arctique un effroyable tournant d'eau, qui pouvoit avoir soixante & dix ou quatre-vingt lieuës de circonférence, qu'il estimoit être le plus dangereux écueil du monde, au milieu duquel il devoit y avoir un goufre épouventable & sans fonds, où toutes les eaux de ces Mers se précipitans, avoient communication par le centre de la terre, avec les Mers qui sont sous le Pole Antarctique, ce recit nous glaça d'effroi, & nous fit frissonner dans toutes les parties de nôtre corps, car nous voyions que le cours de l'eau nous amenoit, & qu'il nous étoit impossible de retrograder; sur cela nous tinmes conseil, & il fut conclu, que quoiqu'il n'y eût presqu'aucune apparence de salut pour nous,
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Ayant toûjours eû dés ma jeunesse une trés-grande passion pour les Voyages, j'ai parcouru pour contenter ma curiosité, toutes les principales parties du vieux & du nouveau Monde, & à la fin de ma derniere course, je me trouvai dans la grande & fameuse Ville d'Amsterdam, où je fis connoissance avec trois ou quatre gros Négocians, qui me dirent qu'ils équipoient un Vaisseau pour l'envoyer dans le Groenland à la Pêche de la Baleine. A cette nouvelle, je sentis mon inclination naturelle se ranimer, & je conçûs d'abord le dessein de faire ce Voyage, n'ayant point encore vû les Climats glacez des Zones froides; je commençai donc d'acheter tout ce que je crûs nécessaire, & ayant mis en ordre tout mon petit équipage, je m'embarquai le troisiéme du mois de Mai de l'année mil sept cens quatorze; nous partîmes avec un Vent favorable, & eûmes un tems à souhait pendant quelques jours; mais le dixiéme vers le soir le Ciel s'obscurcit, & se couvrit en peu de tems de nuages noirs & épais, & les Vents se mirent à soufler avec une telle véhémence & impétuosité, que l'équipage fut alerte toute la nuit suivante, & cette tempête nous porta vers l'Oüest avec tant de rapidité, malgré toute nôtre manœuvre, que le matin environ à quatre heures nous nous trouvâmes à la vûë des Côtes de l'Isle d'Islande, dont nous n'étions éloignez que d'environ trois lieuës, le Vent pour lors étant tombé, un calme de douze heures lui succéda, aprés lequel nous reprîmes nôtre route avec un petit Vent Sud-Est, nous voguâmes assez heureusement jusqu'au quatorze que nous aperçûmes deux Vaisseaux qui nous parurent venir du Groenland, & prendre la route de Hollande, nous étions alors au soixante-huitiéme degré 17. minutes de latitude, mais nous les perdîmes bien-tôt de vûë car le tems se changea subitement, & nous vîmes se former du côté de l'Est un affreux Orage, qui s'aprochant de nous dans l'espace de quelques minutes, nous fûmes d'abord environnez d'un nombre infini d'éclairs qui furent suivis d'épouventables éclats de tonnerre & d'une pluye si grosse, si forte & si longue, que le Ciel sembloit menacer la terre d'un second déluge: l'obscurité étoit si grande que nous ne pouvions distinguer les objets de la Poupe à la Prouë; les vagues étoient si grosses, & les Vents s'entrechoquoient avec tant de furie, que notre Pilote, quoique très-experimenté, ne savoit presque plus quel parti prendre. Enfin, après avoir été long-tems à deux doigts de la mort, cette horrible tempête commença à se dissiper, le jour reparut & nous nous trouvâmes dans une grande Mer toute remplie de gros quartiers de glace, qui se roulans les uns sur les autres, nous firent craindre d'être renversez ou écrasez; il faisoit très froid, & nous ne voyions tout autour de nous aucune Isle ni Côtes; nous avions perdu notre route, & ayant pris hauteur, nous trouvâmes soixante & treize degrez vingt-deux minutes; un petit Vent Sud-Oüest nous poussoit toujours vers le Nord, & nous portâmes enfin à un endroit où la Mer nous sembla faire une petite pente, & où le fil de l'eau nous entraînoit quoi qu'assez lentement toujours du côté du Pole, alors un vieux Matelot nous conta qu'il avoit ouï dire autrefois à un fameux Pilote, qui avoit fort couru les Mers du Nord, qu'il y avoit sous le Pole Arctique un effroyable tournant d'eau, qui pouvoit avoir soixante & dix ou quatre-vingt lieuës de circonférence, qu'il estimoit être le plus dangereux écueil du monde, au milieu duquel il devoit y avoir un goufre épouventable & sans fonds, où toutes les eaux de ces Mers se précipitans, avoient communication par le centre de la terre, avec les Mers qui sont sous le Pole Antarctique, ce recit nous glaça d'effroi, & nous fit frissonner dans toutes les parties de nôtre corps, car nous voyions que le cours de l'eau nous amenoit, & qu'il nous étoit impossible de retrograder; sur cela nous tinmes conseil, & il fut conclu, que quoiqu'il n'y eût presqu'aucune apparence de salut pour nous,

Product Details

BN ID: 2940148834267
Publisher: Lost Leaf Publications
Publication date: 09/24/2013
Sold by: Barnes & Noble
Format: eBook
File size: 517 KB
Language: French
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