Nos têtes sont plus dures que les murs des prisons
A l'égard de la très grande majorité des criminels et des délinquants, la prison a perdu sa raison d'être. Des solutions de rechange plus performantes et plus humaines (moyens modernes de surveillance à distance, biométrie, surveillance électronique, vidéosurveillance) existent. Notre raison en convient mais quelque chose de très profond et de très inavouable, à l'intérieur de chacun d'entre nous, renâcle... Nous ne pourrons envisager de substituer la surveillance à distance à la réclusion de longue durée qu'après avoir purgé nos cerveaux de l'utopie carcérale selon laquelle le coupable trouve dans l'isolement et la privation de liberté, à travers les épreuves d'une souffrance méritée, la force de se régénérer. Or cette utopie renoue avec une conception de l'enfermement antérieure à la réforme pénitentiaire du XVIIIème siècle, qui avait précisément consisté à faire échapper le condamné à la destruction physique ainsi qu'à la cruauté des sévices. La prison était à l'époque parvenue à se faire accepter à la place des mille douleurs réclamées par le désir de vengeance de la société. Si la prison résiste aujourd'hui au changement, ce n'est pas à sa rationalité qu'elle le doit, mais à sa symbolique. Ce sont ses échecs qui la maintiennent, non ses succès. Elle échoue dans l'objectif de réinsertion qu'elle proclame, elle réussit à étancher la passion vengeresse et à infliger une cruauté qu'elle camoufle.
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Nos têtes sont plus dures que les murs des prisons
A l'égard de la très grande majorité des criminels et des délinquants, la prison a perdu sa raison d'être. Des solutions de rechange plus performantes et plus humaines (moyens modernes de surveillance à distance, biométrie, surveillance électronique, vidéosurveillance) existent. Notre raison en convient mais quelque chose de très profond et de très inavouable, à l'intérieur de chacun d'entre nous, renâcle... Nous ne pourrons envisager de substituer la surveillance à distance à la réclusion de longue durée qu'après avoir purgé nos cerveaux de l'utopie carcérale selon laquelle le coupable trouve dans l'isolement et la privation de liberté, à travers les épreuves d'une souffrance méritée, la force de se régénérer. Or cette utopie renoue avec une conception de l'enfermement antérieure à la réforme pénitentiaire du XVIIIème siècle, qui avait précisément consisté à faire échapper le condamné à la destruction physique ainsi qu'à la cruauté des sévices. La prison était à l'époque parvenue à se faire accepter à la place des mille douleurs réclamées par le désir de vengeance de la société. Si la prison résiste aujourd'hui au changement, ce n'est pas à sa rationalité qu'elle le doit, mais à sa symbolique. Ce sont ses échecs qui la maintiennent, non ses succès. Elle échoue dans l'objectif de réinsertion qu'elle proclame, elle réussit à étancher la passion vengeresse et à infliger une cruauté qu'elle camoufle.
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Nos têtes sont plus dures que les murs des prisons

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by Thierry Lévy
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A l'égard de la très grande majorité des criminels et des délinquants, la prison a perdu sa raison d'être. Des solutions de rechange plus performantes et plus humaines (moyens modernes de surveillance à distance, biométrie, surveillance électronique, vidéosurveillance) existent. Notre raison en convient mais quelque chose de très profond et de très inavouable, à l'intérieur de chacun d'entre nous, renâcle... Nous ne pourrons envisager de substituer la surveillance à distance à la réclusion de longue durée qu'après avoir purgé nos cerveaux de l'utopie carcérale selon laquelle le coupable trouve dans l'isolement et la privation de liberté, à travers les épreuves d'une souffrance méritée, la force de se régénérer. Or cette utopie renoue avec une conception de l'enfermement antérieure à la réforme pénitentiaire du XVIIIème siècle, qui avait précisément consisté à faire échapper le condamné à la destruction physique ainsi qu'à la cruauté des sévices. La prison était à l'époque parvenue à se faire accepter à la place des mille douleurs réclamées par le désir de vengeance de la société. Si la prison résiste aujourd'hui au changement, ce n'est pas à sa rationalité qu'elle le doit, mais à sa symbolique. Ce sont ses échecs qui la maintiennent, non ses succès. Elle échoue dans l'objectif de réinsertion qu'elle proclame, elle réussit à étancher la passion vengeresse et à infliger une cruauté qu'elle camoufle.

Product Details

ISBN-13: 9782246696797
Publisher: Grasset
Publication date: 02/01/2006
Series: essai français
Sold by: Hachette Digital, Inc.
Format: eBook
File size: 141 KB
Language: French

About the Author

Né en 1945 à Nice, Thierry Lévy devient avocat en 1969. Très vite chargé d'affaires criminelles graves, il constate - et tache de dénoncer - l'inefficacité et l'absurdité de notre système pénitentiaire. Auteur de plusieurs essais sur la peine et la procédure pénale (Le désir de punir - Fayard, Le crime en toute humanité - Grasset, Justice sans dieu - Odile Jacob, Eloge de la barbarie judiciaire – Odile Jacob, Nos têtes son plus dures que les murs des prisons - Grasset), il a été appelé à présider l'Observatoire International des Prisons de 2000 à 2004.
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