Marduk: ou la création du bruit
« J'écris ma page. D'autres m'ont précédé, il y a cinq mille ans dans le croissant fertile. Jusqu'alors on se retenait : les familles accumulaient, les vieillards rabâchaient et les enfants bâillaient. Les fronts étaient gros d'abondants récits transmis avec la terre, sans testament et dans le respect qui convient au rite, bien qu'on donnât souvent ces récits corrompus, nul ne saurait dire qui y a mis son grain de sel. Les saisons défilaient et c'est dans ce décor, la Préhistoire de nos savants, qu'un matin entre deux rivières, les merveilles de l'art n'ont plus suffi aux expressifs de Mésopotamie. L’ordre du jour fut de se tailler un calame et qui en fut capable remplit alors sa tablette, et puis une autre, car le croissant était fertile. La digue était rompue, à vous de trouver votre métaphore. Pour ma part, il m'en faut user. Le sort taquin a voulu que je sois espion. Je transposerai donc mon propos en Babylonie, à une époque reculée, suffisamment pour me mettre à l'abri. Le peuple y révérait Marduk, un dieu aux idées farfelues qui un jour entreprit, pour que les siens restent oisifs, de produire en masse les hommes. Il allait s'en mordre les doigts. Les hommes sont bruyants et ne posent jamais leur plume, la jacassante, à l’encrier. Qu'ils sacrifient plutôt de la volaille pour Nabu, fils de Marduk et dieu des scribes, des administrateurs qui soutiennent que l'écriture, à leurs yeux quelques signes, ne fut créée que pour l’honorer. La littérature est une vétille. »
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Marduk: ou la création du bruit
« J'écris ma page. D'autres m'ont précédé, il y a cinq mille ans dans le croissant fertile. Jusqu'alors on se retenait : les familles accumulaient, les vieillards rabâchaient et les enfants bâillaient. Les fronts étaient gros d'abondants récits transmis avec la terre, sans testament et dans le respect qui convient au rite, bien qu'on donnât souvent ces récits corrompus, nul ne saurait dire qui y a mis son grain de sel. Les saisons défilaient et c'est dans ce décor, la Préhistoire de nos savants, qu'un matin entre deux rivières, les merveilles de l'art n'ont plus suffi aux expressifs de Mésopotamie. L’ordre du jour fut de se tailler un calame et qui en fut capable remplit alors sa tablette, et puis une autre, car le croissant était fertile. La digue était rompue, à vous de trouver votre métaphore. Pour ma part, il m'en faut user. Le sort taquin a voulu que je sois espion. Je transposerai donc mon propos en Babylonie, à une époque reculée, suffisamment pour me mettre à l'abri. Le peuple y révérait Marduk, un dieu aux idées farfelues qui un jour entreprit, pour que les siens restent oisifs, de produire en masse les hommes. Il allait s'en mordre les doigts. Les hommes sont bruyants et ne posent jamais leur plume, la jacassante, à l’encrier. Qu'ils sacrifient plutôt de la volaille pour Nabu, fils de Marduk et dieu des scribes, des administrateurs qui soutiennent que l'écriture, à leurs yeux quelques signes, ne fut créée que pour l’honorer. La littérature est une vétille. »
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Marduk: ou la création du bruit

Marduk: ou la création du bruit

by Jérôme Medelli
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« J'écris ma page. D'autres m'ont précédé, il y a cinq mille ans dans le croissant fertile. Jusqu'alors on se retenait : les familles accumulaient, les vieillards rabâchaient et les enfants bâillaient. Les fronts étaient gros d'abondants récits transmis avec la terre, sans testament et dans le respect qui convient au rite, bien qu'on donnât souvent ces récits corrompus, nul ne saurait dire qui y a mis son grain de sel. Les saisons défilaient et c'est dans ce décor, la Préhistoire de nos savants, qu'un matin entre deux rivières, les merveilles de l'art n'ont plus suffi aux expressifs de Mésopotamie. L’ordre du jour fut de se tailler un calame et qui en fut capable remplit alors sa tablette, et puis une autre, car le croissant était fertile. La digue était rompue, à vous de trouver votre métaphore. Pour ma part, il m'en faut user. Le sort taquin a voulu que je sois espion. Je transposerai donc mon propos en Babylonie, à une époque reculée, suffisamment pour me mettre à l'abri. Le peuple y révérait Marduk, un dieu aux idées farfelues qui un jour entreprit, pour que les siens restent oisifs, de produire en masse les hommes. Il allait s'en mordre les doigts. Les hommes sont bruyants et ne posent jamais leur plume, la jacassante, à l’encrier. Qu'ils sacrifient plutôt de la volaille pour Nabu, fils de Marduk et dieu des scribes, des administrateurs qui soutiennent que l'écriture, à leurs yeux quelques signes, ne fut créée que pour l’honorer. La littérature est une vétille. »

Product Details

ISBN-13: 9791026234395
Publisher: Librinova
Publication date: 06/21/2019
Sold by: De Marque
Format: eBook
File size: 153 KB
Language: French

About the Author

Né en 1985, passé par l'ENS et l'ENA, les ambassades de France en Italie et aux Etats-Unis, l'auteur est fonctionnaire au ministère de l'écologie après avoir servi plusieurs années dans les services de renseignement extérieur.
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