Notre façon actuelle de percevoir le livre, les auteurs, le monde de l’édition est fortement marquée par le poids de l’Histoire. La technique a évolué beaucoup plus vite que nos mentalités. Notre droit d’auteur destiné au marché territorialement cloisonné du livre imprimé n’est pas transposable à l’économie virtuelle mondiale. En effet, des concepts clefs de notre système juridique comme l’idée de justice au sens aristotélicien ou la notion de propriété littéraire sont complètement inadaptés à l’économie virtuelle. Pour que tous les acteurs de la chaîne du livre de l’auteur au lecteur s’ouvrent aux possibilités tellement plus intéressantes offertes par les nouvelles technologies, il conviendrait de prendre conscience qu’il faut adopter une attitude différente face au monde virtuel, s’adapter à ses propres lois de fonctionnement au lieu de tenter d’y transposer nos vieilles habitudes. La technologie à notre disposition nous permet déjà, si nous le voulons, de dire adieu au monde de l’édition marqué par la logique de la rareté, l’exclusion de nombreux auteurs et de leurs idées, la pauvreté des bibliothèques, et la frustration de nombreux lecteurs. Nous pouvons désormais tourner le dos à tout cela, créer un monde de réelle liberté d’expression, d’abondance informationnelle, et de respect du droit des auteurs dans un marché de l’édition beaucoup plus prospère.
