If I Knew You Were Going To Be This Beautiful, I Never Would Have Let You Go

If I Knew You Were Going To Be This Beautiful, I Never Would Have Let You Go

by Judy Chicurel
If I Knew You Were Going To Be This Beautiful, I Never Would Have Let You Go

If I Knew You Were Going To Be This Beautiful, I Never Would Have Let You Go

by Judy Chicurel

Hardcover

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Overview

“Brings to mind the books of Richard Price and the films of Martin Scorsese... I did not want this book to end.” —Julie Klam, New York Times–bestselling author of Friendkeeping

It is the summer of 1972, and Katie has just turned eighteen. Katie and her town, Elephant Beach, are both on the verge: Katie of adulthood, and Elephant Beach of gentrification. But not yet: Elephant Beach is still gritty, working-class, close-knit. And Katie spends her time smoking and drinking with her friends, dreaming about a boy just back from Vietnam who’s still fighting a battle Katie can’t understand. 

In this poignant, evocative debut collection, Judy Chicurel creates a haunting, vivid world, where conflicts between mothers and daughters, men and women, soldiers and civilians and haves and have-nots reverberate to our own time. She captures not only a time and place, but the universal experience of being poised between the past and the future. At once heartbreaking, mesmerizing, and nostalgic, Chicurel shows us that no matter how beautiful some dreams are, there comes a time when we must let them go.


Product Details

ISBN-13: 9780399167072
Publisher: Penguin Publishing Group
Publication date: 10/30/2014
Pages: 288
Product dimensions: 6.10(w) x 9.10(h) x 1.10(d)
Age Range: 18 Years

About the Author

Judy Chicurel’s work has appeared in national, regional, and international publications, including The New York TimesNewsday, and Granta. Her plays have been produced and performed in Manhattan. Chicurel currently lives by the water in Brooklyn.

Read an Excerpt

Si J'Avais Su Que Tu Deviendrais Si Belle, Je Ne T'Aurais Jamais Laissee Partir


By Judy Chicurel

NiL Éditions

Copyright © 2014 Judy Chicurel
All rights reserved.
ISBN: 978-0-399-16707-2


CHAPTER 1

Vent d'été


«Et qu'elle me fait, "Jeune homme, votre commerce est un repaire de détraqués". Alors je lui dis, "Vrai, m'dame, vrai. Des détraqués, j'en ai devant ma porte, j'en ai dans ma boutique, j'en ai même sur le toit".»

Dans le cendrier que nous partagions, Desi fit tomber une colonne de cendres. Le bout de son cigare luisait de salive. Il le cala au coin de ses lèvres avant de poursuivre:

«Qu'est-ce que vous vouliez que je fasse? Que je discute? Que je la dézingue? 'Tain, y en a qui feraient mieux de balayer devant leur porte avant de venir faire des commentaires ici. Comme disent les Italiens: "Quand tu craches en l'air, ça te retombe sur le nez."

— Tu m'expliqueras ce que ça veut dire, répondis-je.

— Ça veut dire ce que ça veut dire, lança Mitch depuis l'autre extrémité du comptoir. Personne ne vaut mieux que son voisin. Tu piges?»

Il avait coincé un pack de Pabst Blue Ribbon sous son bras au tatouage arc-en-ciel et sortait une Camel sans filtre du paquet qu'il venait d'acheter. Du bout de sa canne, il donna deux coups sur le comptoir, me lança un clin d'œil et s'en alla en boitant. Mitch vivait à l'autre bout de Comanche Street, dans une chambre de l'hôtel Starlight qui donnait sur la mer et sentait les algues et le moisi. C'était le troisième pack de la journée qu'il achetait chez Eddy; il était obligé de faire des allers-retours comme il ne pouvait en porter qu'un à la fois. Le mois touchait à sa fin, et sa pension d'invalidité aussi; c'était pour cette raison qu'il achetait des bières au lieu de jouer le pilier de bar à l'hôtel, dans le coin près du jukebox.

Desi secoua la tête en essuyant le comptoir.

«L'aut' Pat Hibulaire est bien placé pour dire ça, marmonna-t-il alors que la porte se refermait derrière Mitch.

— L'appelle pas comme ça, dis-je. Je croyais que tu l'aimais bien. Je croyais que vous étiez amis.»

Mais je m'étais peut-être trompée. Un début de panique s'empara de moi à cette idée.

«Hé, hé, j'ai dit ça? J'ai dit que je l'aimais pas? Je l'adore», répondit Desi. Il essora sa lavette avant de la rincer. «Sauf que c'est pas le seul à s'être sacrifié pour son pays. Perdre une jambe, c'est pas une raison pour arrêter de vivre, que je sache. Une moitié de jambe, qui plus est.

— Mon Dieu, Desi ...

— "Mon Dieu" quoi? On est où, à l'église? Et toi, t'es qui, sa mère? Qu'il lui reste une moitié ou que dalle, il a pas besoin de toi pour le défendre.» Il secoua la tête. «Vous, les gamins, vous croyez tout savoir.

— Sûrement pas», protestai-je d'un air las.

En fait, la plupart du temps, j'avais l'impression de ne rien savoir du tout.

«Toi, d'accord, répondit-il en longeant le comptoir pour aller encaisser le Daily News de Mr Meaney. T'es différente, toi, des autres gosses du coin. Et si tu veux un conseil: tire-toi d'ici. Maintenant. Et vite.»

Mon ventre se crispa. Heureusement, il n'y avait personne pour l'entendre; Mr Meaney ne comptait pas. Depuis trois ans que je vivais à Comanche Street, j'avais parfois encore l'impression de voir défiler ma vie comme un film dans lequel jouaient toutes les personnes que je connaissais au monde, sauf moi. Même au milieu d'un millier de gens, cette impression me tenaillait: au lycée, à la plage ou au comptoir, chez Eddy.

Desi était le propriétaire de chez Eddy, le tabac-presse à l'angle de Comanche Street et de Lighthouse Avenue, dans le quartier d'Elephant Beach qu'on appelait «la Trompe». Le vrai Eddy, lui, coulait sa retraite en Floride, depuis bien longtemps. Mais Desi avait toujours refusé de changer le nom. «Croyez-moi, ça vaudrait pas le dérangement, qu'il disait. Combien de temps il a passé ici, lui? Vingt-cinq ans? À quoi ça servirait de débourser du pognon pour changer l'enseigne et refaire la vitrine? Cette boutique, ce sera toujours "chez Eddy" pour les gens.»

Et il avait raison.

Au mois de février, en regardant par la fenêtre les trottoirs bordés de givre et le ciel d'un gris d'acier pendant un cours de sciences nat' ou d'histoire, je me mettais toujours à penser à l' egg cream au chocolat de chez Eddy. Et tout d'un coup, l'été ne me semblait plus si loin. En me concentrant suffisamment, je parvenais même à sentir le crémeux du sirop de chocolat sur mon palais. L'envie alors me dévorait d'être assise là, au comptoir, avec mon egg cream, la clope au bec sous le vieux ventilateur pendu au plafond qui brassait toujours le même air pendant que les autres traînaient dehors près des portemagazines, à l'affût d'une patrouille de flics, ou étaient assis sur les poubelles alignées derrière le bâtiment, là où monte l'odeur du bitume fondu quand le thermomètre se met à grimper. De temps en temps, la porte de service s'ouvrait et Angie, la femme de Desi, faisait déguerpir tout le monde. «Regardez-moi ça, disait-elle, toujours à traîner, qu'est-ce que vos mères diraient si elles vous voyaient assis sur les poubelles au beau milieu de la journée?» Et Billy Mackey ou un autre de répondre: «Elle dirait: "Tu te crois chez Eddy ou quoi?"» Tout le monde éclatait de rire, et Angie se mettait à courser le petit malin avec son balai, parfois jusqu'au bout de la rue, jusqu'au bord de l'eau.

Eddy n'était ouvert qu'en été, du Memorial Day au Labor Day, ou jusqu'à la fin du mois de septembre si le temps le permettait. Desi, Angie et leurs enfants, Gina et Vinny, avaient quitté le Queens pour venir s'installer à Elephant Beach. Ils vivaient dans les chambres au-dessus de la boutique, celles avec un petit bout de vue sur l'océan. Le dimanche, quand Vinny ou Angie tenait la caisse, Desi allait planter son parasol sur la plage de Comanche Street, un parasol vert-blanc-rouge («le drapeau italien»). Puis, avec ses énormes lunettes de soleil, son bob blanc, son short de bain à pois qui ressemblait à un caleçon et les tennis blanches qu'il portait depuis qu'il s'était blessé sur un débris de coquillage et avait dû être recousu, il s'étendait sur une chaise longue. Allongé comme un roi, cigare au bec, il montait le son de sa radio portative chaque fois que passait une chanson de Sinatra. L'un d'entre nous essayait-il de lui parler, même pour dire simplement bonjour, qu'il lançait: «Passe ton chemin. Je suis ici incognito.»

«Je vais te dire quel est le problème avec vous, les jeunes», me disait-il à présent, alors qu'il revenait vers moi pour récupérer mon verre et me préparer un nouvel egg cream.

Il envoya un jet d'eau de Seltz puis de sirop de chocolat et remua énergiquement le tout avant de faire glisser le verre à travers le comptoir, jusqu'à moi. J'y trempai les lèvres. Parfait.

«Le problème avec vous, tous autant que vous êtes, c'est que vous savez pas la boucler. Vous croyez quoi, hein? Que je m'appelle Helen Keller? Que je vois rien, que j'entends rien de ce qui se passe de l'autre côté de ce bar? Ça cause de sexe, drogue et rock'n'roll du matin au soir. Enfin, de sexe, surtout. Et le pire, c'est que c'est même plus réservé aux bonshommes, tout ça.» Sous l'effet de la stupéfaction, sa voix descendit d'une octave. «Les filles, qu'elles s'y mettent aussi. Les filles. "Et que Trucmuche est en cloque, et que Machine a vu l'avorteuse", attends, je suis obligé d'entendre ça, moi? Regarde l'autre pauv' petite, celle qui s'est retrouvée enceinte alors qu'elle n'avait même pas fini le lycée, qu'on la voyait se dandiner ici comme une cane qui va pondre. Y a plus de respect pour rien, plus de respect pour rien. Et après, les gens s'étonnent.» Desi secoua la tête. «Crois-moi, ça baisait autant à l'époque où on était jeunes, ta mère et moi. Sauf que nous, on en parlait pas, on le faisait.»

Nos deux regards se levèrent quand la porte de la boutique valsa et claqua tout aussi brusquement. Desi haussa les épaules.

«Fausse alerte», lâcha-t-il.

Il ouvrit le congélateur à glaces, laissant s'échapper des volutes de froid, et commença à servir des boules dans une coupe à sundae: vanille, café, menthe-chocolat, avant de napper le tout d'une couche de sauce au cacao parsemée de marshmallows, et de terminer, pour faire léger, par une bonne dose de Reddi-wip. Puis il sortit une cuillère et se mit à piocher machinalement dans sa coupe. Angie rageait de le voir se gaver sans jamais prendre un gramme. Ellemême disait grossir rien qu'en regardant les plats. Desi aimait ajouter qu'elle faisait bien plus que regarder, mais seulement quand elle ne pouvait pas l'entendre.

En jetant un coup d'œil à l'horloge Coca-Cola accrochée derrière le comptoir, je me demandai où tous les autres étaient passés. J'avais quitté mon boulot à l'A&P à quinze heures en pensant traîner sur Comanche Street jusqu'à l'heure du dîner. C'était une de ces journées du début de l'été couverte et brumeuse et personne ne se trouvait à sa place habituelle. Les autres avaient dû aller chez quelqu'un, Billy, probablement, qui avait un sous-sol, ou bien chez Nanny. L'idée de les appeler me traversa, mais la saveur de l' egg cream, le ventilateur qui tournait au-dessus de ma tête et l'éternelle gloutonnerie de Desi étaient trop rassurants. J'avais pourtant peur de rater quelque chose, comme toujours. Nous étions tous pareils. C'était d'ailleurs pour ça que tout le monde expédiait ses repas en famille, sortait en douce par la fenêtre de sa chambre, promenait le chien trois heures durant et devait travailler de prétendus exposés à la bibliothèque jusqu'à sa fermeture, à neuf heures du soir.

Mais vu mon état d'esprit du moment, il n'y avait pas grand-chose que je pouvais avoir peur de rater, à part Luke. J'espérais le voir entrer pour acheter des cigarettes ou le dernier numéro de son magazine de surf. Ou autre chose, n'importe quoi. Je ne l'avais revu qu'une fois depuis son retour du Vietnam, le dimanche d'avant, ici même, chez Eddy. Mais j'avais été prise de court; je n'avais pas lavé mes cheveux et je n'étais pas encore bronzée. Je m'étais alors cachée à l'intérieur d'une des cabines téléphoniques en attendant qu'il s'en aille. J'observais Luke McCallister depuis l'été qui avait précédé mon entrée en première. Je l'observais, planquée au coin d'une rue, par la vitre d'une voiture ou au cinéma, une fille à ses côtés, le bras autour de son épaule, et moi fixant ce bras au lieu de regarder le film, avec une folle envie de le tronçonner. Je me rassurais en me disant que ce n'était qu'un flirt à sens unique, que si Luke avait vraiment été intéressé, c'est son bras à lui qui se serait retrouvé autour de la fille, et non l'inverse. Luke avait trois ans de plus que nous, son monde s'étendait au-delà de Comanche Street, du bar de l'hôtel Starlight et de tous les lieux que nous avions coutume de fréquenter. Mais j'avais fêté mes dix-huit ans et quasiment achevé mes années de lycée, j'étais prête à entrer dans la vraie vie. C'était l'été; tout était possible à présent.

«Du mystère», lâcha Desi, et je tressaillis à l'idée qu'il ait pu lire dans mes pensées.

C'était ça: Luke était un plus grand mystère encore qu'avant son départ dans la jungle, voilà deux ans. Levant les yeux vers Desi, je le vis qui raclait les dernières traces de sauce aux marshmallows dans sa coupe à sundae. Il pointa le manche de sa cuillère sur moi.

«Sans un brin de mystère, on n'est rien.»

Je finis mon egg cream à la paille pour le garder plus longtemps. Puis j'allumai une cigarette.

«Je n'ai toujours pas compris où tu voulais en venir, disje. Et c'est toi qui parles de mystère!»

Desi poussa un soupir. Il emporta sa coupe à sundae jusqu'à l'évier et, une fois rincée, la laissa sur l'égouttoir. De retour devant moi, il posa ses mains à plat sur le comptoir et planta son regard sur moi, sévèrement.

«Où je veux en venir? commença-t-il. Je vais te dire: imagine qu'une fille se radine ici; elle porte un joli corsage, pourquoi pas un peu transparent, ou sans soutien-gorge en dessous, j'en sais rien. Quand je la regarde, ça m'excite, je commence à me faire des idées. Mais à l'inverse, suppose qu'une fille se radine ici sans rien, avec les lolos qui ballotent au-dessus du bar. Voilà, fini: ça me refroidit aussi sec. Pourquoi? Parce qu'il ne me reste plus rien. Plus rien pour nourrir mon imagination. Alors, quand je te dis qu'il faut du mystère, tu vois de quoi je parle?

— C'est ça, bien sûr, dis-je en levant les yeux au ciel. Tu veux me faire croire que si une nana débarquait ici les seins à l'air et grimpait sur le zinc, tu resterais de marbre?»

Mais je voyais bien que Desi ne m'écoutait plus. Il était appuyé là avec son petit sourire rêveur.

«Qu'est-ce qu'il y a? finis-je par lui demander.

— Rien, dit-il après un silence. Je pensais seulement ... » Il ramassa son cigare dans le cendrier et ralluma ce qu'il en restait. «Je repensais à une fille. Une fille que j'ai connue à Howard Beach. Avant Angie. Elle portait toujours un cardigan bleu ciel.» Il tira longuement sur son cigare. «Avec de tout petits boutons nacrés qui montaient jusqu'au col.» Des cendres rouges tombèrent en pluie sur le bar. «Tous ces boutons», souffla Desi en regardant à travers la fumée comme s'il observait quelqu'un qui venait vers lui.

Il reposa son cigare dans le cendrier et poussa un nouveau soupir. Sa lavette à la main, il essuya les cendres mortes sur le comptoir.

« Ah, vous les jeunes, conclut-il. Vous croyez avoir tout inventé. Tout! La moindre petite chose. Vous croyez avoir inventé la vie.»

CHAPTER 2

Des bébés


Tout le monde attendait que Maggie Mayhew donne naissance à son bébé. On aurait dit que sa grossesse durait depuis une éternité; lorsqu'elle avait traversé l'allée de l'église St Timothy, l'hiver précédent, son ventre ressortait déjà sous sa robe de grand-mère impression cachemire qui lui servait de robe de mariée. Le grand bouquet de lys qu'elle serrait contre sa poitrine avait laissé sur le corset des taches indélébiles couleur rouille. La date de l'accouchement était maintenant dépassée, et les gros joints que Matty, son mari, avait roulés et mis de côté en attendant de pouvoir laisser tomber le cigare, avaient été fumés depuis bien longtemps.

«Qu'est-ce que t'es grosse! Ça veut dire que c'est un garçon?», lui demanda Nanny.

Nous nous étions arrêtées chez Maggie sur le chemin de la plage. Maggie était sa cousine, âgée de quelques années de plus que nous; elle avait déjà un travail, secrétaire dans une agence de publicité sur Madison Avenue à Manhattan.

Maggie sourit.

«Quel cliché, répondit-elle tranquillement. Les filles aussi, ça peut être grand. Et faire de grandes choses. Elle sera comme ça, ma fille à moi.»

Elle caressa son ventre qui ondulait de vie sous son ample corsage.

«Si les filles sont capables de si grandes choses, faudrait lui demander pourquoi elle reste chez elle les bras croisés pendant que Matty sort tous les soirs avec les gars», dit Liz un peu plus tard, alors que nous remontions la rue où était garée la Buick Skylark que son père lui avait offerte comme cadeau de fin d'études. C'était le mois de juin, et partout sur Comanche Street, les volets des maisons se rouvraient avec l'arrivée des familles qui quittaient Manhattan le temps de l'été. « Moi, je supporterais pas tout ce cirque.

— Il l'aime vraiment, pourtant, répondit Nanny. Tu les aurais vus au mariage: à la seconde où le prêtre avait fini, Matty l'a attrapée et lui a collé un de ces baisers, aussi puissant qu'un tremblement de terre. Il voulait plus la lâcher.

— À votre avis, l'accouchement à domicile, c'était son idée ou celle de Matty? demanda Liz. Moi, j'ai l'impression que c'était la sienne, à lui. J'ai l'impression qu'elle fait tout ce qu'il dit.»

Maggie et Matty vivaient dans une maison de plain-pied au bout de Comanche Street, avec les frères de Maggie, Raven et Cha-Cha. La nuit, on voyait Matty et Raven partir se défoncer à la plage avant d'aller faire la tournée des bars. Ils marchaient dans le froid des derniers jours de printemps avec leurs vieux blousons en jean, la tête rentrée dans les épaules, pendant que Maggie restait assise sur les marches décrépites de son perron, les mains sur son ventre naissant.

«Vous auriez entendu Tante Francie, l'autre jour! fit Nanny. Elle a débarqué chez nous pour pousser son coup de gueule. "Ils doivent aller à l'hôpital, on est au XX siècle, bordel!", qu'elle criait, mais Maggie lui a tenu tête pour une fois. Elle lui a dit: "M'an, ce bébé, c'est le mien. Et je vais l'avoir comme je l'ai décidé, bon sang!" Je n'arrive pas à savoir si elle est super courageuse ou simplement cinglée.»

Liz et moi avions grandi à Elephant Beach, mais Nanny et ses cousins étaient des gens de la ville, de Washington Heights, là-bas au bout de Manhattan. Leurs parents étaient partis pour les préserver des gangs, de la drogue et autres mauvaises influences, mais les gosses avaient ramené tout ça avec eux.


(Continues...)

Excerpted from Si J'Avais Su Que Tu Deviendrais Si Belle, Je Ne T'Aurais Jamais Laissee Partir by Judy Chicurel. Copyright © 2014 Judy Chicurel. Excerpted by permission of NiL Éditions.
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What People are Saying About This

From the Publisher

SEX AND DRUGS AND ROCK ‘N’ ROLL:
At night, when I walked down the block of close-knit bungalows, past freckle-faced children playing stickball in the street and mothers standing inside their chain link fences smoking after-dishes cigarettes, and men sitting on their stoops, scratching, belching, watching the sunset, at the end of the block I’d see the crowd milling around the entrance to the beach, hear the cat calls, the dogs barking, ten speeds flying, surfboards leaning against the sea walls, cigarettes glowing like fireflies in the dusky heat, and my heart would beat harder, faster inside of me, and I’d think to myself: These are my people.
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Reading Group Guide

INTRODUCTION

It is the summer of 1972, and Katie has just turned eighteen. Katie and her town, Elephant Beach, are both on the verge: Katie of adulthood, and Elephant Beach of gentrification. But not yet: Elephant Beach is still gritty, working-class, close-knit. And Katie spends her time smoking and drinking with her friends, dreaming about a boy just back from Vietnam who’s still fighting a battle Katie can’t understand.

In this poignant, evocative debut collection, Judy Chicurel creates a haunting, vivid world, where conflicts between mothers and daughters, men and women, soldiers and civilians and haves and have-nots reverberate to our own time. She captures not only a time and place, but the universal experience of being poised between the past and the future.

ABOUT JUDY CHICUREL

Judy Chicurel’s work has appeared in national, regional, and international publications, including The New York TimesNewsday, and Granta. Her plays have been produced and performed in Manhattan. Chicurel currently lives by the water in Brooklyn.

DISCUSSION QUESTIONS

  1. From the title, what did you think the book was going to be about? Were you surprised that this line applied to Katie’s birth mother?
  2. Although Katie is clearly curious about her birth mother, she makes no plans to try to find her. Why not, do you think? What societal frailties contribute to the physical images Katie has of her mother, and her ideas that, for instance, the Starlight Hotel would be a perfect place to look for her?
  3.  How would you describe Katie’s relationship with her adoptive mother? She  claims to want the best for Katie, but she often appears angry, impatient, dissatisfied. What effect does this have on Katie?
  4. In some ways, Luke is a main character in the book; in others, he is a shadow figure lurking in Katie’s mind. She says at one point that loving him was “like loving a ghost.” Why would she say that? In what ways does it add to the story?
  5. Veterans of the Vietnam War, Luke and Mitch never knew each other before meeting at The Starlight Hotel. In what ways are they similar? In what ways are they different?
  6. The book is set in a fictionalized seaside town on the skids more than forty years ago. How do the setting and the town of Elephant Beach reflect political and economic issues of the 1970s?
  7. The Trunk, where Katie and her friends hang out, is a run-down, seedy part of town whose faded glamour has all but disappeared. Why, then, is Katie so desperate to belong? How does her outsider status contribute to her relationship with others and her role in the book? Would it have been a different read if she had felt she belonged more?
  8. In chapter 10, “For Catholic Girls Who Have Considered Going to Hell When the Guilt Was Not Enough,” Katie accompanies Liz to an illegal abortion in another town. Both girls are startled and unsettled instead of relieved by the beauty and cleanliness of the doctor’s house. What does this say about women’s perception of abortion during that time period? What does the doctor mean when she tells Katie, “And we wonder why men treat us like dirt”?
  9. In chapter 7, “Running with Ramone,” Ramone’s childhood feels rife with promise, as if his gift of swiftness will lift him to a better future. Yet by the time Katie runs into him at Lips in a Hole, his life seems illustrative of Katie’s old babysitter’s words, “That’s just how it is with the spics. It’s not like you can expect things to work out for them.” Might things have worked out differently for Ramone today?
  10. The theme of escape is evident for Katie and her friends; many of them talk of leaving Elephant Beach and several actually do. What are the primary reasons Katie’s friends and family want to leave? Of the characters who do leave, who do you think will be most successful in forging a new life in a new environment? Why?
  11. In chapter 15, “Conversations with my Father,” Katie describes the fathers of her friends—and includes her own—as distant, removed from their families even when at home. Why is this so, and what does it say about gender roles during a time when social change was supposedly sweeping the country? Are circumstances different today? Are fathers stronger presences in their children’s lives and, if so, why?
  12.   What is the significance of the last line of the book, “I knew then that it was over, and I chose, instead of him I chose the part of me that was trapped forever inside The Starlight Hotel, along with all the dreams that never came true, and some that did?” If The Starlight Hotel represents a receptacle of lost dreams, why would Katie relinquish a part of herself to that place and time? What dreams did come true, for Katie or for any of the other characters? 

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