Histoire de la Monarchie de Juillet (Volume 6 / 7) (Illustrated)

Histoire de la Monarchie de Juillet (Volume 6 / 7) (Illustrated)

by Paul Thureau-Dangin
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Overview

Le ministère durait depuis cinq ans. Plusieurs fois l'opposition s'était crue sur le point d'en avoir raison: toujours elle avait échoué. Sa dernière déception n'avait pas été la moins complète ni la moins mortifiante. On sait comment M. Guizot, un instant ébranlé, au début de la session de 1845, par le débat sur l'indemnité Pritchard, s'était bientôt après raffermi, et comment même, quelques mois plus tard, grâce à l'heureuse issue des négociations engagées à Londres sur le droit de visite et à Rome sur l'affaire des Jésuites, il était sorti de cette session plus solide qu'il ne l'avait jamais été. À la fin de 1845, on se trouvait encore sous l'impression de ce double succès. Aucune grosse difficulté n'embarrassait la politique du cabinet, soit en France, soit en Europe; l'horizon, naguère si chargé, s'était partout éclairci. Tout au plus discernait-on un point noir du côté de l'Algérie, où l'indomptable Abd-el-Kader venait de reprendre les armes; mais cet accident local mettait surtout en cause la responsabilité du maréchal Bugeaud. Le ministère paraissait impossible à renverser, tant du moins que subsisterait la Chambre actuelle. Cette conviction, universellement répandue, produisait son effet sur les députés. La victoire attire, la défaite désagrège. Les flottants se détachaient de l'opposition et rentraient dans la majorité. Le gouvernement ne cachait pas, d'ailleurs, son intention de dissoudre la Chambre après la session de 1846; pour tous ceux qui ne se sentaient pas sûrs de leurs collèges, il n'était que temps de se remettre bien avec les ministres qui feraient sûrement les élections.

Le changement qui s'opéra à ce moment dans la situation du centre gauche ne contribua pas peu à raffermir la majorité. Jusqu'alors, ce groupe avait gardé une position moyenne, intermédiaire, qui lui permettait de tendre la main, suivant les circonstances, soit à la gauche, soit au centre. Son chef, M. Thiers, avait paru, plus que personne, soucieux des avantages de cette position. Mais, à la fin de 1845, n'espérant plus rien du centre, il annonça l'intention de réunir le centre gauche et la gauche, pour en faire une seule armée dont il se flattait d'avoir le commandement. Après discussion entre les plénipotentiaires des deux groupes, un traité fut rédigé et signé en double, le 25 décembre 1845, par M. Thiers et M. Odilon Barrot: les contractants se déclaraient résolus à entrer ensemble au ministère et à se concerter pour le choix de leurs collègues; il était stipulé que le futur cabinet présenterait des lois sur la réforme électorale et parlementaire, la répression de la corruption électorale, les annonces judiciaires, la définition des attentats déférés à la cour des pairs, et qu'il proposerait des modifications aux lois sur le jury et sur la presse[1]. Le centre gauche accepta docilement ce qu'avait fait son chef. À gauche, cette alliance ne laissa pas que d'éveiller certaines répugnances, non seulement chez M. de Lamartine, comme toujours superbement isolé, mais aussi chez M. de Tocqueville et ses amis, qui se plaignaient de voir la politique de principes sacrifiée à la politique d'expédients et d'intrigues. Toutefois, ces mécontents n'étaient que le petit nombre; la masse du parti suivit M. Odilon Barrot, qui était complètement dominé par M. Thiers.

Les radicaux de la Chambre, sans être partie au traité d'alliance, se montrèrent disposés à seconder la campagne qui devait en être la suite. Croyant avoir à attendre longtemps encore le jour de la république, désabusés des conspirations et des émeutes, ils jugeaient utile de se mêler à l'action parlementaire. D'ailleurs, en s'unissant à l'opposition dynastique, ils se flattaient, non sans raison, de l'entraîner et de la compromettre. En dehors de la Chambre, tous les républicains ne se prêtèrent pas à cette tactique. Le National, sans doute, l'approuvait: mais il n'était plus seul à parler au nom des républicains. En 1843, un ancien sténographe, fort mêlé aux sociétés secrètes, dévot de 1793, M. Flocon,

Product Details

BN ID: 2940148353232
Publisher: Lost Leaf Publications
Publication date: 01/20/2014
Sold by: Barnes & Noble
Format: eBook
File size: 556 KB
Language: French
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