Du tout au tout

Du tout au tout

by Arnaud Le Guilcher
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by Arnaud Le Guilcher

eBook

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Overview

" La jeune femme chantait pour elle-même un air saturé d'émotions. Il y avait du Billie Holiday dans cette mélopée. Elle avait un grain dans la voix qui abrasait la rugosité des jours. Elle prenait pour elle le trop-plein, l'infect et l'insoutenable, et elle le trans formait en chant. Elle prenait ça à sa charge comme pour en libérer l'auditeur. Sa douleur, c'était notre cadeau.
Alors, à genoux au milieu de la foule, j'ai fondu en larmes. Je savais que ce que je cherchais existait. Même si j'avais dû mourir, là à quatre pattes sur les pavés, je serais parti l'esprit tranquille. Je l'avais trouvée. "
Pierre Pierre est un ultrasensible qui pleure à gros bouillons face à la beauté. Un jour de balade, il rencontre le fantasque fondateur d'une sorte d'arche de Noé remplie d'artistes. Pierre y est embauché, à la recherche d'une voix qui le ferait fondre... Au moment où il se cogne à la perle rare, sa boîte est rachetée par une multinationale. Très vite, les cadences s'accélèrent et à mesure que les conditions de travail se dégradent, l'arche devient galère...
Burn-out en cascade, management absurde et invasion de la vie privée... Arnaud Le Guilcher livre une satire hilarante du monde du travail ainsi qu'un plaidoyer follement poétique en faveur de la liberté de création.


Product Details

ISBN-13: 9782221217641
Publisher: Groupe Robert Laffont
Publication date: 01/04/2018
Sold by: EDITIS - EBKS
Format: eBook
Pages: 226
File size: 1 MB
Language: French

About the Author

En moins bien, Pas mieux, Pile entre deux, Ric-Rac, Capitaine frites et Du tout au tout.

Read an Excerpt

CHAPTER 1

Ne m'oublie pas

Un soir, j'étais sur mon banc préféré et j'écoutais « Ne m'oublie pas » de Jacque Rel.

La lumière du soleil traversait les fleurs de jacaranda, et éclairait le parc d'une lumière pourpre. Les tilleuls parfumaient l'atmosphère. Je pleurais. J'étais heureux. Je pleure beaucoup. J'aime bien. Chez moi ce n'est pas signe de tristesse. Quand je chiale en écoutant une chanson, ça veut dire que je suis en symbiose avec ce que le type raconte de l'autre côté du casque, que je ressens sa peine, sa joie, et que nous sommes ensemble, par-delà les frontières, les langues et les siècles.

Mon truc, ce qui me rend différent, c'est d'être hypersensible à la beauté. Je sanglote à gros bouillons devant un tableau, un poème ou un film. Ça surprend un peu quand on me connaît pas, et puis après on s'y fait.

Je suis comme un GPS qui, au cœur d'une populace composée d'imposteurs, de margoulins et de charlatans, débusque l'artiste authentique. Le gars qui crée avec ses tripes, ses peurs et ses colères. Le type qui a le cerveau connecté à la main ou la bouche, et qui laisse aller, qui laisse faire, qui n'obture rien de ce qui doit sortir. Un artiste à nu.

Ce jour-là, j'avais les joues inondées et je souriais. Quand on aime la chanson avec de l'âme dedans, Jacque Rel, c'est le must. Le reste c'est de la briquette.

Un homme s'est assis à côté de moi. Au début, je n'y ai pas prêté attention, puis à la fin de la chanson, je l'ai regardé. J'ai essayé d'oublier le goût d'eau salée que j'avais dans la bouche et je l'ai distingué à travers un rideau de larmes. Il ressemblait à Fernando Pessoa. Il avait un chapeau, une moustache grise, un manteau en drap épais et des lunettes rondes en métal. AuXIX siècle, son allure était peut-être passe-partout, mais au XXI, elle se remarquait autant qu'Hibernatus en goguette au Futuroscope.

Il avait une canne avec un pommeau d'argent qui représentait une baleine. Il portait des chaussures taillées dans la peau d'une vache sacrée. Doucement, il a enlevé le gant en cuir souple qui recouvrait sa main droite. Pendant sa manipulation, je voyais la blancheur parfaite de ses poignets de chemise et l'or de ses boutons de manchettes. Ils étaient en forme d'espadon.

Il était d'un autre temps. De quand, je sais pas ... En tout cas, on n'était pas du même.

Il m'a tendu la louche en se présentant:

— César De La Mer.

— Enchanté, je m'appelle Pierre.

— Pierre comment?

— Pierre.

— Pierre Pierre?

— Oui.

— Vous pleurez parce que vous êtes triste?

— Non, je pleure parce que c'est beau et que Jacque Rel ne triche pas. Jamais. Quand il est triste, il l'est à crever, et quand il est heureux, il est fou de bonheur. J'adore.

— Ça vous fait ça souvent?

— À chaque fois que je suis devant quelque chose de sincère, je me mets à pigner. Je suis un vrai cochon truffier. Je rate jamais une pépite, même si elle est cachée sous des charibotées de bouse.

— Vous pleurez en écoutant de la musique?

— Oui.

— Devant un film?

— Bien sûr.

— Un livre?

— Évidemment.

— Vous savez qui je suis?

— Je devrais?

Il a levé les yeux. Devant nous se dressait le siège de Poséidon. C'était un bâtiment dingue qui avait plus ou moins la forme d'un œuf. Il faisait plus d'une dizaine d'étages. Il était recouvert d'un mur végétal sur lequel s'était greffée toute une population. Oiseaux, libellules et écureuils gambadaient entre les branches de lierre, les fleurs de bougainvillier, celles d'hibiscus ou de lilas ... Au printemps, les salariés les plus chanceux, en tendant le bras par leur fenêtre, pouvaient cueillir des nèfles, des cerises ou des pommes. Ces gens-là avaient la réputation d'avoir le meilleur job de France. Ils devançaient même les goûteurs de confitures ou les testeurs de hamacs au hit-parade des tafs en or.

Sur le toit du bâtiment, une statue représentait un mec barbu à poil, tenant un trident.

— Elle vous fait pleurer cette statue?

— Pas trop.

— Normal. C'était un travail de commande ... Vous êtes très fort. Vous savez qui elle représente?

— Poséidon?

— Bravo.

Près de la fontaine, deux gamins jouaient au foot. Ils avaient six ans et ils étaient super impressionnants. Passements de jambes. Petits ponts. Ils avaient du ballon les chérubins. Des chats et des souris jouaient ensemble. Une famille d'Asiatiques venait d'entamer une séance de taï-chi. Un géniticien, en sifflotant, terminait de synthétiser le vaccin contre le cancer.

L'homme a fouillé dans la poche intérieure de son manteau, et il m'a tendu une carte. Il m'a dit: « Les hypersensibles, j'adore ça. J'en ferais une armée! J'ai besoin de vous. Les gens qui adorent la beauté ne courent pas les rues: venez travailler chez moi, vous aurez une belle vie. Vous vous présentez au standard et je m'occupe du reste. »

Il s'est levé et il est parti. Il était grand et sec. Un peu voûté. On aurait dit une silhouette de Giacometti, celle de l'Homme qui marche. J'ai regardé le bout de bristol.

Poséidon César De La Mer Fondateur et Président

Fondateur. Président. Ça fait toujours son petit effet.

CHAPTER 2

Rouler en patins

J'avais vingt ans depuis quelques années. J'avais fini mes études et je vivais de peu. Mes grands-parents m'avaient laissé une chambre mansardée et un petit magot. C'était pas suffisant pour me les dorer au soleil, mais assez pour m'offrir des livres, des disques et de quoi casser la graine.

Le concept de travail ne m'avait jamais attiré plus que ça et je finissais mollement des études pas passionnantes. Un machin en commerce et communication comme font tous les mômes qui savent pas quoi foutre de leur vie. À part la certitude de ne pas vouloir turbiner quinze heures par jour, déguisé en costard, je ne me projetais pas dans un quelconque avenir professionnel. De La Mer avec sa proposition tombée de nulle part venait de m'en offrir un: vivre pour le beau et par le beau.

Le lendemain de notre rencontre, je me suis pointé au standard. Pour me porter bonheur, j'avais mis mon tee-shirt préféré de Jacque Rel. Celui où il est bras tendus, en sueur, complètement abandonné à son public lors de son dernier concert.

En entrant, j'ai pas pu m'empêcher de lever la tête. Le bâtiment était tout en rondeur. Il était construit comme un puits de lumière au centre duquel poussait un arbre gigantesque. Ça devait être un peuplier. Il faisait trente mètres de haut et touchait presque le plafond. On voyait des oiseaux voleter à son sommet.

La réception était au pied de cet arbre. Il n'y avait pas d'escalier, mais une rampe courait le long des murs, un peu comme une vis qui s'apprêtait à percer le ciel. Cette structure rappelait celle du Guggenheim à New York et distribuait tous les étages. On s'en servait pour monter ou descendre, entraînés par un système de tire-fesses.

Dans le hall, le sol était couvert de pelouse et les employés le traversaient en se gondolant. Ça changeait des carrés de moquette grise que piétinent les salariés du monde entier en tirant la gueule. Les gens seraient plus heureux si on troquait les aspirateurs contre des tondeuses.

La lumière chez Poséidon était un peu brumeuse et poussiéreuse. On se serait cru dans une serre bâtie sous la mer.

L'arbre, la luminosité, l'herbe ... Le lieu semblait vivant et, en se concentrant deux secondes, je suis sûr qu'on pouvait l'entendre respirer.

C'était beau.

Presque sacré.

Mystique à coup sûr.

J'en aurais chialé.

La réceptionniste était jolie. Elle avait les cheveux blond vénitien et des taches de rousseur constellaient ses joues, comme si on l'avait peinte en orange à travers une passoire. Ses yeux verts étaient traversés par une douceur qui donnait envie de rester assis en face d'elle toute la journée. Toute la vie même. Ça devait être formidable de contempler pendant des heures le spectacle de ses lèvres vermillon articulant ces mots magiques: « bonjour », « merci », « au revoir », « bonne journée ».

Je lui ai montré la carte que De La Mer m'avait donnée.

— Bonjour, je m'appelle Isis.

— Bonjour, moi c'est Pierre.

— Je le savais, César m'a prévenue de votre arrivée. Vous aimez le patin à roulettes?

— Bien sûr.

— Quelle pointure?

— 43 ... 42 si ça chausse grand.

— Suivez-moi.

Elle s'est levée puis elle s'est extraite de son comptoir. Elle portait déjà ses rollers. Ils étaient couverts de paillettes. Ils allaient bien avec sa jupette à pinces et son chemisier jaune. On s'est dirigés vers un vestiaire. Elle avançait en se laissant glisser sur le sol. Cette légèretém'était complètement exotique. J'ai toujours cogné le talon en marchant. C'était un truc de famille: chez les Pierre, on a le pas lourd.

Arrivé dans le parc à godasses, je me suis assis sur un petit banc. Elle m'a tendu les patins. J'ai enlevé mes tennis. Mes chaussettes étaient dépareillées. Blanche à droite. Rayée à gauche. Au niveau du gros orteil droit, il y avait un trou. Mon ongle en sortait, comme un corbeau albinos qui essaierait de se tirer d'un nid.

Isis l'a vu.

Elle a vu que j'avais vu qu'elle l'avait vu.

On a ricané.

Je me suis redressé et je l'ai suivie. « Suivie », faut le dire fissa. J'ai mis moins de deux centimètres avant de me foutre en l'air. Au premier pas en avant, je suis parti en soleil et j'ai eu le baba au niveau du nez. J'emmerde Isaac Newton, sa pomme et la gravitation. Et j'emmerde aussi Einstein, même s'il n'y est pour rien.

Je n'avais jamais patiné de ma vie. J'avais oublié ce détail, mais ça m'est très vite revenu ... J'étais allongé sur la pelouse avec mes vertèbres dispersées façon osselets tout autour de moi. Après ce triple axel, j'attendais que le jury m'attribue une note artistique. Elle n'est pas venue.

— Vous avez un vrai talent.

— Oui. On me plante sur des roulettes et il se passe tout de suite quelque chose.

— Vous n'avez pas abîmé le gazon avec vos dents?

— Moquez-vous ...

Elle m'a aidé à me relever. C'était pas du luxe. J'avais l'assurance d'un type dont la moelle épinière se serait métamorphosée en gelée de coing. La séance de torture n'était pourtant pas finie, puisqu'elle m'a traîné jusqu'à la rampe et m'a tendu un tire-fesses.

— Vous savez skier?

— Un peu, mais je suis meilleur en patin à roulettes.

— Mon Dieu ... Vous prenez le tire-fesses entre vos jambes. Surtout ne vous asseyez pas dessus.

J'ai saisi la longue tige qui s'approchait de moi et, n'écoutant que mon instinct, j'ai décidé de faire exactement le contraire de ce qu'on m'avait conseillé. D'un geste approximatif, et au péril de l'intégrité de mon trou de balle, je me suis planté le baigneur sur le bout évasé du bâton. Une bien belle initiative qui hélas n'a pas été accueillie avec des flonflons et des confettis par ce tire-cul tout perfide. Le temps de compter jusqu'à un et je me suis rétamé avec le charme d'un monceau de tripes ... Au moment où ma mandibule s'éclatait sur le sol pour la deuxième fois en moins de dix minutes, Isis a éclaté de rire en hurlant: « Pierre, vous êtes le champion des champions! »

Dans ma chute, le tire-croupion s'est agrippé à mon tee-shirt, et j'ai débuté mon ascension sur le bide, harponné par la peau du dos. J'étais piégé comme un lièvre fraîchement braconné. Si j'avais été sur un sautoir, j'aurais sauté, sur une glissière, j'aurais glissé. Sur cette rampe, j'ai rampé.

Lentement.

Inexorablement.

Pitoyablement.

— Pierre! Essayez de vous arrêter au sixième! C'est le bureau de César.

On fera ce qu'on pourra, Isis.

On fera ce qu'on pourra.

CHAPTER 3

Monter dans la tour

À tous les étages, Poséidon débordait d'allégresse et de sève. On aurait dit une ruche qui se serait pris une volée de gaz hilarant. Un mélange entre Les Parapluies de Cherbourg et une rave, entre une scène de péplum et un solo d'Art Blakey.

Une fête foraine.

Broadway.

Une cour de lycée.

Woodstock.

Partout, on entendait de la musique qui s'enroulait autour des branches du peuplier et rebondissait sur les murs convexes de l'édifice. Des gens dansaient, jouaient la comédie en mourant pour de faux ou en riant pour de vrai. Des peintres croquaient des modèles nus. Des cinéphiles croquaient des pommes en dissertant devant un film.

Poséidon était effervescente comme une bouteille de Coca remplie d'aspirines. C'était la jeunesse. La vie. L'euphorie pure.

De mon côté, je tentais de rester digne, en oubliant que je vivais le premier jour de ma vie professionnelle remorqué comme une vulgaire carcasse de porc par ce satané système de treuils et de poulies.

Ma grimpette a fait jazzer au quatrième étage. Un homme s'est penché sur mon cas. Il portait un bleu de travail, des chaussures de chantier et une ceinture en cuir à laquelle était accrochée une foule d'outils. Un flic aurait dit que c'était un individu de type asiatique. Il avait la tête d'un petit malin à qui on la fait moyen et qui a toujours une connerie d'avance. Son corps avait une cinquantaine d'années, mais dans son regard, on voyait que son envie de faire le mariole était restée bloquée à seize piges.

— Salut, moi c'est Hervé. Je m'occupe des services généreux. T'es un serpent ou t'es un nouveau?

— Un nouveau.

— Tant mieux. je déteste les serpents. C'est quoi ton nom?

— Pierre.

— Pierre comment?

— Pierre.

Le type se met à brailler.

— ALLÔ LES GARS DU CINQUIÈME, C'EST HERVÉ DES SERVICES GÉNÉREUX. JE SUIS AU QUATRIÈME!

— SALUT HERVÉ.

— ON VOUS ENVOIE UN COLIS PAR LA RAMPE!

— OK. IL A UN BLAZE?

— PIERRE.

— PIERRE COMMENT?

— PIERRE PIERRE.

— OK!

Entre le quatrième et le cinquième ça a été ma fête. Une foule de plus en plus jouasse s'est jointe à Hervé pour accompagner mon calvaire. En équilibre sur le bord de la rampe, chacun y allait de sa spécialité. Les musiciens poussaient une chansonnette à ma gloire. Des types me filmaient en super 8. Un mime s'est mis à glisser en ondulant à mes côtés. Un petit chien blanc et noir, débarqué de nulle part, est entré dans cette grande farandole dédiée à mon déshonneur. Il avait l'arrière-train posé sur une petite planche à roulettes. Après avoir jappé un bon coup, il a improvisé un hommage en me léchant la cafetière. Il y a mis autant d'appétit que si j'avais été un fémur de vache.

Moi qui rêvais d'une entrée discrète, j'arrivai vite au constat suivant: c'était raté.

Sur le palier du sixième étage, César De La Mer attendait d'accuser ma réception. Il était tout sourire. Le chien skater qui m'avait pris pour un timbre slalomait entre ses compas.

— Pierre, j'en ai vu des arrivées, mais la vôtre restera dans les annales! Quel bordel vous avez mis! Bravo mon jeune ami! BRAVO!

— J'avais beaucoup répété.

— Suivez-moi à mon bureau!

On a fait une petite dizaine de pas hésitants au milieu d'un plateau sans cloisons, et il m'a désigné une table de bistrot. Dessus, il n'y avait pas grand-chose à part un crayon, un cahier et une petite plante verte.

— Asseyez-vous, mon bon Pierre.

J'ai posé mon joufflu sur une jolie chaise en osier tressé. Un type s'est approché et nous a posé deux verres d'eau pétillante. Il était tout mal fagoté dans son costume trois pièces. Sa chemise avait un faux col. Il portait des guêtres qui dissimulaient un peu les roulettes de ses patins. Il avait trente-cinq piges à tout casser. Sapé comme ça, il faisait une jolie paire avec De La Mer. On aurait dit Blake et Mortimer.

— Pierre, je vous présente Gubetta.

— Enchanté.

Comme seule réponse, le gars a opiné du chef de quelques degrés, de haut en bas. Puis il m'a dévisagé avec la bienveillance d'un maraîcher pour une cagette de patates pourries. Mon radar mental s'est mis en marche: Gubetta n'était pas sensible pour deux sous. S'en méfier.

— Gubetta? Vous pourrez aller chercher les chaussures de monsieur? Les roulettes confiées par Isis ont un défaut.

Son majordome a fait une courbette puis il a descendu la rampe à toute blinde à destination de mes godasses abandonnées au vestiaire. En attendant qu'il remonte, De La Mer a commencé à me raconter l'histoire de sa boîte.

— Je viens d'une famille d'armateurs. De très riches armateurs ... Pierre, fermez les yeux et imaginez quelqu'un de riche.

— OK.

— Vous y êtes? Vous voyez son visage?

— Oui.

(Continues…)



Excerpted from "Du Tout Au Tout"
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Copyright © 2018 Éditions Robert Laffont, S.A.S., Paris.
Excerpted by permission of Robert Laffont.
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