L'assassinat du politologue et officier d'artillerie camerounais Guerandi Mbara procédait, en réalité, du scénario classique des services spéciaux. Une opération homo (pour homicide) clandestine au milieu de soi-disant hasards qui n'en étaient guère. Chaque acteur recruté pour y jouer un rôle ne savait rien de la trame véritable, ni des vrais tireurs de ficelles. L'argent a circulé à Paris pour susciter trahisons, mensonges et fausses pistes a posteriori. Tout le monde a été roulé dans la farine. Pas seulement le de cujus, mais également l'homme qui, après plusieurs tentatives de meurtre infructueuses à Ouagadougou, croyait avoir payé au bon endroit et les bons tueurs pour que son pire opposant soit enfin mis hors d'état de nuire et qui, donc, croyait que l'officier avait finalement été arrêté pour ses beaux yeux et son argent. S'est ensuivie la désinformation dans les médias et certains milieux parisiens, orchestrée par les mêmes « services ». Puis le déni de justice et l'omerta, manœuvres faisant partie du casting initial.
Cette enquête, enrichie par son aspect biographique, a été menée à grande dextérité par un journaliste d'investigation de renommée qui fut spécialement invité en septembre 1997 par le Quai d'Orsay (ministère français des Affaires étrangères) pour sa science de la politique africaine de la France. Elle vient en démêler l'écheveau avec panache. C'est un livre à lire absolument.